Guide complet : Les toitures écologiques et vertes au Québec

Image de Michaël de Devis Toiture Montréal

Michaël de Devis Toiture

Section blogue May. 01 2020

Source : Le defunt site infotoitsverts.com.

Le guide complet sur les toitures écologiques, végétalisées et vertes au Québec

Image illustrant une toiture écologique.
Image illustrant une toiture écologique.
Source: Photo par ChutterSnap

Les toits verts sont un type de toit végétalisé qui devient de plus en plus populaire dans la province de Québec. Ils offrent de nombreux avantages tant pour le bâtiment que pour l'environnement. Parmi les avantages, mentionnons l'amélioration de l'efficacité énergétique, la réduction du ruissellement des eaux pluviales, la réduction de l'effet d'îlot de chaleur et l'amélioration de la qualité de l'air. Les toits verts peuvent également servir d'habitat à la faune et à la flore, et peuvent être utilisés pour la culture de fruits et de légumes.

Des toits verts pour la qualité de notre environnement. Un choix environnemental capital.

Les toits verts ne sont qu’une seule composante parmi tous les secteurs de l’architecture verte (écologique) dont les quatres caractéristiques principales visent :

  1. La protection des ressources énergétiques non renouvelables et des ressources naturelles.
  2. L’amélioration de la qualité de l’air dans les immeubles et à l’extérieur.
  3. La préservation de l’eau douce et l’amélioration de la qualité de l’eau potable, des lacs et des rivières.
  4. La réduction d'émissions de gaz à effet de serre entraînant les changements climatiques.

Les toitures ont des impacts importants sur les 4 aspects de l’architecture verte et voilà pourquoi elles sont particulièrement ciblées lors d’interventions écologiques sur des immeubles.

Les toits blancs: économiques et écologiques

L’avantage principal d’un toit blanc est de réfléchir le rayonnement lumineux plutôt que de l’absorber et le transformer en chaleur. Les toits blancs réduisent donc les effets d’îlot de chaleur urbains dans les villes et permettent une utilisation beaucoup plus agréable des toits sous forme de toits-terrasses ou de toits-jardins. En effet, les toits-terrasses situés à proximité de toitures d’asphalte et gravier subissent une augmentation de température importante qui incommode souvent les usagers. Cette chaleur extrême peut aussi nuire au bon développement des plantes d’un toit jardin.

Toitures végétalisées: ELT, un système ultra-léger

On peut désormais réaliser des toits végétalisés sur des toits existants sans ajouter un poids excessif qui pourrait causer un dommage à sa structure. Il s'agit d'un système ultra-mince, préfabriqué en carreaux d'environ 90 cm X 90cm et utilisant des végétaux très rustiques pouvant résister à des sécheresse prolongées. Un système modifié peut aussi être utilisé pour réaliser des murs végétaux pour l'extérieur ou pour l'intérieur des immeubles.

Quels sont les avantages des toits verts ?

Image illustrant une toiture végétale.
Image illustrant une toiture végétale.
Source: Photo du domaine publique

On confond régulièrement la notion de toit vert et de toit végétalisé. En fait, le toit végétalisé fait partie de la famille des toits verts et il en est à la fois le concept le plus élaboré et le plus performant.

Cependant, le toit végétalisé n’est pas le seul toit écologique. Parfois d’autres toitures sont préférables en fonction de la disponibilité de l’eau (faudra-t-il arroser durant les sécheresses?), de l’entretien (arracher l’herbe à poux très allergène), ou tout simplement de la répartition de votre argent dans différents secteurs écologiques de l’architecture verte.

Où investir de manière éco-responsable?

Les toits verts ne sont qu’une seule composante parmi tous les secteurs de l’architecture verte (écologique) dont les quatres caractéristiques principales visent :

  1. La protection des ressources énergétiques non renouvelables et des ressources naturelles.
  2. L’amélioration de la qualité de l’air dans les immeubles et à l’extérieur.
  3. La préservation de l’eau douce et l’amélioration de la qualité de l’eau potable, des lacs et des rivières.
  4. La réduction d'émissions de gaz à effet de serre entraînant les changements climatiques.

Les toitures ont des impacts importants sur les 4 aspects de l’architecture verte et voilà pourquoi elles sont particulièrement ciblées lors d’interventions écologiques sur des immeubles.

Les toitures polluent l’air et l’eau

La durée moyenne des toitures au Canada est très courte. Pour les toits plats elle n’est que de 13 ans pour un toit d’asphalte et gravier commun alors que pour les bardeaux d’asphalte des toits en pente elle est d’environ 20 ans.

Ceci signifie qu’à tous les 13 ans on rejette l’équivalent de l’ensemble des toitures d’asphalte et gravier du pays dans les sites d’enfouissement. À tous les 20 ans, ce sont les bardeaux d’asphalte qui prennent le même chemin.

Ces produits pétroliers consomment des ressources énergétiques non renouvelables, émettent des solvants dans l’air lorsqu’ils sont exposés au soleil et polluent les eaux souterraines durant leur décomposition.

Les toitures augmentent les frais énergétiques

Les toitures noires ou de couleurs foncées absorbent le rayonnement solaire, deviennent chauds et réémettent leur chaleur durant la soirée et la nuit. La température de surface d’un toit d’asphalte et gravier ou d’un bardeau d’asphalte peut monter à 175 degrés F.

Dans les villes, les grandes surfaces de toits plats, les murs de maçonneries, les rues et les trottoirs contribuent à faire augmenter la température de l’air de 3,5 à 5°F (2 à 3°C) comparativement à des endroits peu construits. L’augmentation de la température crée le phénomène des îlots de chaleur urbains.

Un toit très chaud augmente aussi la radiation de chaleur vers l’intérieur de l’immeuble (seulement si le toit est peu isolé et peu ventilé), augmentant encore la température de l’air dans les immeubles en été. La combinaison de ces deux facteurs augmente l’ensemble des besoins énergétiques de refroidissement par climatisation de tous les immeubles urbains d’environ 10% et parfois plus.

Les toitures assèchent le sol

Dans les villes, les sols sont généralement en déficit d’eau sur une période annuelle. C'est-à-dire qu’ils perdent plus d’eau qu’ils en absorbent. Ceci a un grave impact sur les arbres et sur la stabilité des sols, comme les sols argileux. C’est le cas de la ville de Montréal où on observe un déficit d’eau annuel chronique depuis le début des années 1980.

Les toits plats à bassin avec un drain central et les toits en pente avec des gouttières reçoivent les eaux de pluies et les dirigent directement dans les égouts pluviaux. Ceci empêche les sols de recevoir une grande partie de l’eau qui lui était destinée. Voilà pourquoi toutes les mesures de récupération de l’eau de pluie à partir des toits sont à encourager.

Les toits asphyxient les cours d’eau

Les toits foncés, chauffés au soleil, sont aussi dommageables pour la prolifération des algues dans les cours d’eau et leurs conséquences sur la vie marine. En effet, lorsqu’une pluie fraîche d’été tombe sur un toit brûlant, sa température s’en trouve réchauffée de plusieurs degrés. Cette eau réchauffée se retrouve ensuite dans les égouts municipaux et contribuent au réchauffement des eaux des fleuves et des rivières, activant davantage le phosphate accumulé dans l’eau et entraînant le développement des algues qui obstruent la lumière et tuent les poissons.

Votre toit est-il vert ?

Image illustrant un jardin de toit.
Image illustrant un jardin de toit.
Source: Photo par Mathis J.
  1. Un toit vert permet de conserver l’eau de pluie et de la redonner au sol.
  2. Un toit vert limite le réchauffement de l’air dans les villes et de l’eau de pluie.
  3. Un toit vert est fabriqué d’un matériau durable, recyclé ou recyclable, qui réduit la production de déchets et surtout de déchets polluants.
  4. Un toit vert consomme peu d’énergie durant tout son cycle de vie partant de l’extraction des matières premières à la fabrication, puis au transport, à l’installation et à l’usage (entretien), jusqu’à l’enlèvement, le transport des déchets et leur destruction. C’est ce qu’on appelle l’énergie grise associée à un matériau. Cependant, l’énergie consommée durant toute sa durée de vie doit ensuite être divisée par le nombre d’années de service pour le comparer avec d’autres produits ayant une autre durée de vie.
  5. Un toit-jardin ou végétalisé pousse plus loin le concept de toiture écologique lorsque qu'il permet de cultiver des légumes biologiques à proximité de leur lieu de consommation en optimisant l'utilisation de l'eau et des engrais naturels. La production de biomasse pour des fins de consommation permet aussi de retirer 0.7 livre de CO2 dans l'air pour chaque 10 livres de légumes produits.Un jardin potager contribue donc à la réduction des gaz à effet de serre et ultimement aux changements climatiques.

Les murs végétals et les jardins verticaux

De manière générale, la réalisation de murs végétalisés se fait simplement et très économiquement par l'usage de vignes vierges, très rustiques au Canada. Les murs couverts de vigne vierge font ombrage sur les parements extérieurs et contribuent à réduire le phénomène d'îlot de chaleur urbain. Le feuillage de la vigne vierge permet aussi de réduire le taux de CO2 dans l'air et de créer un air plus sain.

Des croyances populaires attribuent des dommages aux parements par la vigne vierge. On croit qu'elle endommage les joints de mortier des murs de maçonnerie en y maintenant de l'humidité et en s'infiltrant dans les infractuosités. En fait, la vigne protège la maçonnerie des orages en été et elle ne peut aucunement endommager des joints de mortier en bon état, mais elle peut s'infiltrer si le joint est déjà ouvert ou effrité.

Les murs végétalisés à l'aide de panneaux préfabriqués ont surtout comme avantage de pouvoir créer des ouvrages diversifiés et intégrés à l'architecture extérieure ou intérieure. Par exemple, des panneaux peuvent être installés dans la cuisine pour y faire pousser des fines herbes. Leur utilisation demeure davantage esthétique et sympathique.

La petite histoire des toitures végétalisées

Image illustrant la ville de Kyoto, au Japon.
Image illustrant la ville de Kyoto, au Japon.
Source: Photo par Su San Lee

En Chine, on veut transformer les toits en rizières pour répondre à l'exode rural vers les villes et alimenter la population. Au Canada, l'urgence d'agir globalement est moindre mais l'expérimentation doit se faire rapidement pour trouver des solutions de design et de techniques répondant aux attentes des citoyens et des entreprises.

La construction de toitures végétales se fait de manière traditionnelle dans plusieurs pays scandinaves et européens. Le mélange de terre et de végétaux enracinés sur les toits permettait de réaliser des toitures relativement bien isolées, étanches à l'air et à l'eau, résistantes au vent et au feu. Le tout se faisant avec des matériaux facilement disponibles.

En Allemagne, durant les 10 dernières années, 10% des toits ont été végétalisés. Un système de points "bonis" accorde une réduction de taxe environnementale aux promoteurs immobiliers qui utilisent les toits végétaux.

Au Japon, la ville de Tokyo exige que toute construction occupant plus de 10 000 pieds carrés de terrain soit couverte de végétaux sur 20% de sa surface.

Aux États-Unis, les toitures vertes ont longtemps été associées à des concepts marginaux d'architecture bio-climatique, enfouie et recouverte de terre. Cette architecture d'abri anti-atomique n'a pas connu une grande popularité. La venue de nouveaux systèmes de culture plus légers et les nouveaux enjeux environnementaux ont relancé l'intérêt pour ces toitures. On parle maintenant de toitures durables qui ajoutent une qualité de vie aux immeubles résidentiels urbains.

Au Canada, les projets commerciaux et résidentiels incluant des toits végétaux sont encore peu nombreux, mais les produits et l'expertise sont maintenant plus disponibles et de nombreux baby-boomers se mettent à rêver de toits-jardins et de prés fleuris pour leur condo ou leur appartement de ville ainsi que pour leur résidence à la campagne.

Les toits végétalisés : Ville versus campagne

Les toits verts offrent des avantages très différents selon le type de construction et la situation de l'immeuble. Dans les villes et les banlieues, où on ne voit pas les toits plats, les bénéfices principaux sont surtout reliés aux usages des toits et aux fonctions environnementales. Dans les campagnes, où le terrain ne manque pas, ils servent principalement à intégrer les immeubles dans l'environnement naturel.

En ville : pour des espaces verts et pour l'environnement

En milieu urbain, les toits verts sont principalement appréciés pour la création d'espaces verts utiles à la population et pour leurs avantages techniques visant à protéger l'environnement :

  • Ajouter des espaces verts. Ils redonnent à la ville et à ses occupants l'usage d'un espace vert utilisé pour la construction des immeubles. Ces espaces verts peuvent être utilisés pour la détente (lecture, baignade en piscine peu profonde, bain de soleil) ou pour le jardinage selon les besoins des occupants. Ces lieux peuvent être conçus comme refuge personnel ou au contraire comme lieu de rencontre. Compte tenu du coût élevé des terrains dans les villes, l'investissement est largement compensé par cet usage car les toits verts remplacent la fonction des cours privées ou communes. Ils ont l'avantage d'ajouter un ensoleillement continu et une meilleure vue pour tous. Les toits plats de Montréal sont aussi très dangereux pour la propagation des incendies par les toits. Un recouvrement complet de terre réduirait grandement ce phénomène et augmenterait la sécurité contre les incendies.
  • La protection de l'environnement. Cet espace vert réduit la température de l'air extérieur en été, filtre la pollution atmosphérique et crée une certaine rétention d'eau de pluie lors des orages, réduisant le nombre de débordements des usines d'épuration d'eau. Ils peuvent aussi doubler la durée de vie des membranes de toitures, réduisant de 50% les déchets bitumineux dus aux travaux de réfection des toits.

Pourquoi un toit vert à la campagne ?

À priori, lorsqu'on regarde les avantages sociaux et environnementaux des toits verts on se demande en quoi ils peuvent être utiles en milieu rural où le terrain ne manque pas.

  • Lorsqu'un immeuble représente moins de 20% de la superficie d'un terrain, il est inutile d'ajouter de la verdure sur le toit pour des raisons climatiques, de qualité d'air ou de rétention d'eau.
  • En milieu rural, les toitures inclinées peuvent être recouvertes plus facilement et à moindre coût d'autres matériaux durables comme les tuiles de béton, d'aluminium, de fibrociment, ou autres.
  • En milieu rural, les toits verts ajoutent un entretien de terrain qui est déjà important en général. Le faible coût du terrain ne justifie pas les coûts élevés d'un toit vert comme usage supplémentaire pour une seule famille.

Cette réalité doit toutefois être ajustée au type d'habitation projetée. Est-ce une maison unifamiliale sur un grand terrain plat déboisé ou pour des condominiums de villégiature en forêt sur terrain montagneux ?

Condos et terrains montagneux

Les projets immobiliers de villégiature en copropriétés sont très populaires dans les milieux montagneux. Ces projets apportent des investissements importants pour ces régions mais ils sont souvent la cible des citoyens qui leur reprochent leur mauvaise intégration visuelle et la destruction des milieux naturels.

Dans un tel contexte, les toits verts peuvent être utilisés pour dissimuler leur masse et l'intégrer visuellement à l'environnement.

Ce "Marketing Vert" ne vise pas à tromper les citoyens mais à répondre à leurs attentes d'intégration architecturale. Les appartements en copropriétés à moyenne densité (4 à 6 étages) sont beaucoup plus écologiques que les maisons unifamiliales détachées qui nécessitent de 4 à 5 fois plus de déboisement par logement.

De plus, le regroupement de l'espace vert en une masse plus grande crée un écosystème beaucoup plus viable que la plantation de quelques d'arbres sur des terrains individuels. Le regroupement des logements permet aussi de créer un système de gestion beaucoup plus contrôlé des espaces verts, du traitement et du recyclage des eaux usées et de l'ensemble des pratiques touchant l'environnement commun.

Dans un projet de condominiums en gradins, le toit d'un copropriétaire peut devenir la terrasse d'un autre et créer un espace personnel privé ou même un petit jardin potager.

Maison unifamiliale de banlieue ou de campagne

La symbolique est toujours très importante dans le choix d'une maison. Plusieurs personnes achètent de vieilles maisons de bois historiques qui leur coûtera chère à rénover, à chauffer et à entretenir tout simplement pour son cachet et son appartenance à l'histoire et à la culture. De la même façon, le toit végétalisé représente la symbiose de l'homme avec l'environnement naturel. C'est une belle image qui peut servir à vendre l'idée d'intégration et de protection de l'environnement à l'ensemble de la société. En ce sens, le "Marketing Vert" est très important, mais il ne doit pas dénaturer le sens du produit qu'il vend.

En effet, cette image peut aussi en rester à un simple "style architectural" où on utilise la végétation comme matériau de finition extérieure. Plusieurs architectes américains ont pris cette tendance dans les années 80 et 90 couvrant leurs immeubles de gazon aussi bien entretenu qu'un terrain de golf. Cette situation est la pire avenue, celle qui met l'accent sur un design stylisé qui ajoute de l'entretien, de l'arrosage, des engrais et des produits chimiques au détriment de l'environnement.

Pour la maison unifamiliale de campagne ou de banlieue, le toit vert peut au contraire devenir un jardin sur le toit beaucoup mieux exposé au soleil que s'il était situé au sol et à l'abri des multiples animaux qui deviennent parfois impossibles à déloger du jardin (mouffettes, ratons-laveurs, ours, chevreuils, etc.)

Les matériaux et techniques

Image illustrant des outils sur une toiture verte.
Image illustrant des outils sur une toiture verte.
Source: Photo par Dylan D.

L'ajout d'un substrat de culture et de végétaux nécessite une structure suffisamment forte du toit, une étanchéité parfaite, une pente relativement faible et un accès facile pour l'entretien durant les premières années.

Structure du toit. L'ajout d'un substrat de culture léger de 6 pouces (15 cm) de hauteur crée une surcharge de 30 à 40 lb/pi.ca. lorsque le sol est saturé d'eau. La structure des toits canadiens est généralement conçue pour recevoir une charge de neige uniforme de 40 lbs/pi.ca.

De manière générale, les toits plats canadiens existants ne sont donc pas conçus pour supporter les charges combinées de substrat et de neige qui totalisent 70 lbs/pi.ca. Les toits verts s'adressent donc principalement aux nouveaux immeubles, particulièrement ceux ayant une structure de béton armé comme on en retrouve beaucoup en Europe ou les toits verts sont plus populaires.

Pour les immeubles existants, la stratégie de végétalisation des toits passe plutôt par des toits-terrasses jardins dont les plantations se font dans des bacs et sont localisées à certains endroits de la toiture, près des murs porteurs. Ceci nécessite une étude cas par cas où un professionnel du bâtiment évalue la capacité portante en fonction de la structure existante et de son état. Ceci est particulièrement important pour les toits résidentiels en bois dont la charpente vieillissante peut avoir des faiblesses ponctuelles.

Après la formation des racines des plantes, le substrat de culture résiste très bien avec des pentes allant jusqu'à 4 sur 12 (4 unités verticales pour 12 unités horizontales). Mais de manière générale, les toits végétaux sont surtout conçus pour les toits à pentes faibles de 1 sur 12 ou moins.

Les éléments d'un toit vert

Un toit vert ou végétal se compose essentiellement de cinq composantes. En partant du support de toit on retrouve :

  • Une membrane d'étanchéité.
  • Une couche de drainage et de réserve d'eau.
  • Une membrane de filtration.
  • Un substrat de croissance.
  • Une couche végétale.

La membrane d'étanchéité

La réalisation d'un toit végétal et son implantation prend quelques années et nécessite des investissements de base importants. Il serait ridicule de faire un toit végétal sur une membrane endommagée ou âgée de plus de 10 ans car les risques d'infiltration d'eau à moyen terme seraient élevés.

Toutes les membranes d'étanchéité synthétiques standard (Élastomériques, PVC, EPDM, etc.) bi-couches ou monocouches peuvent être utilisées. Les membranes multicouches à l'asphalte sont déconseillées pour des raisons de durabilité.

La couche de drainage et de réserve d'eau

Une membrane de drainage de polyéthylène gaufré sert à créer un espace de drainage qui dirige l'eau de pluie vers le drain du toit ou vers les gouttières extérieures. Cette membrane de drainage est gaufrée de manière à retenir une réserve d'eau essentielle aux plantes en période de sécheresse.

La membrane de filtration (géotextile)

La couche de drainage est recouverte d'un filtre géotextile qui retient le sol et laisse l'eau s'égoutter sans remplir la couche de drainage de sol. Ce géotextile non tissé absorbe aussi l'eau qui la traverse offrant un milieu humide pour les racines des plantes.

Le géotextile non tissé offre malheureusement peu de résistance à certaines racines qui pourraient le pénétrer et réduire son efficacité. Il faut donc le couvrir d'un autre géotextile anti-racine fait de polyéthylène tissé dont le rôle est uniquement de bloquer les racines.

Le substrat de croissance

Pendant plusieurs années, les architectes du paysage recommandaient un minimum de 12 pouces de terre sur les toits végétaux afin de maintenir un milieu acceptable pour la croissance des plantes. Malheureusement, la terre devient très lourde lorsqu'elle est saturée d'eau (environ 100 lbs/pi.cu.) causant parfois des dommages à la structure des immeubles et à l'étanchéité. La terre a aussi tendance à se compacter évacuant l'oxygène nécessaire à la survie des plantes. Les erreurs du passé nous ont appris à ne pas sous-estimer l'importance du substrat qui supporte la vie des plantes.

Le substrat doit être léger et résistant à la compaction tout en retenant l'eau. Sa composition est généralement faite de compost végétal de feuilles ou d'écorces mélangé à des agrégats de pierres légères et absorbante ayant un diamètre de 1/8 à 1/2 pouce (3 à 12mm). Comme matériau on utilise la pierre volcanique, l'argile expansé et parfois les débris de briques récupérés de chantiers de démolition, puis concassés, qui permettent de récupérer des déchets voués à l'enfouissement.

Les agrégats représentent un volume variant de 40 à 70% du substrat de culture en fonction de l'épaisseur de substrat , de l'irrigation et du type de culture souhaité. L'épaisseur totale du substrat peu ainsi être réduite à seulement 4 po (10 cm) de hauteur. Cette épaisseur minimale conviendra à quelques plantes très résistantes au gel, mais de manière générale il est recommandé d'utiliser une épaisseur de 15 cm ou plus pour permettre la culture d'une plus grande variété de plantes.

La couche végétale

Techniquement, toutes les plantes peuvent pousser sur les toits mais certaines peuvent nécessiter des soins constants pour les préserver d'un soleil permanent, du gel et des grands vents. De manière générale, on devrait privilégier des plantes vivaces et indigènes très résistantes aux températures extrêmes et qui s'implanteront rapidement pour couvrir les surfaces de sol afin de réduire son assèchement par le soleil et le vent. Les couvre-sols ont aussi l'avantage de laisser peu de place aux mauvaises herbes et de réduire l'entretien. Les plantes alpines et celles adaptées aux zones 3 conviennent bien à cet usage.

Les plantes à privilégier peuvent être :

  • Plantes fleuries : Origan lisse (Origanum laevigatum 'Herrenhausen'), la ciboulette, qui offre aussi l'avantage d'être un condiment, un mélange de fleurs des champs pour créer un pré fleuri, le gazon d'Espagne (Armeria maritima), les iris (Pumila), campanule agglomérée, etc.
  • Couvre-sols : oeillet couché (Dianthus deltoides), gypsophile rampante (Gypsophila repens), orpin blanc (Sedum album), Thym serpolet, etc.
  • Graminés : fétuque bleue (Festuca glauca), fétuque améthyste (Festuca amethystina).
  • Plantes vertes : corbeille d'argent (Iberis sempervirens ' Schneeflocke'), armoise de Schmidt (Artemisia schmidtiana), centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa), etc.

Système d'arrosage automatique

Durant les trois premières années d'implantation des végétaux ceux-ci ont besoins de plus d'arrosage pour créer leurs racines et couvrir le sol. Sans un arrosage systématique les plantes vont sécher et peuvent devenir la cause de propagation d'incendie d'un immeuble à l'autre.

Le sol sec et mal consolidé par les racines devient aussi plus léger et plus volatil en présence de grands vents. Voilà pourquoi un système d'arrosage automatisé est pratiquement essentiel pour de grandes surfaces et particulièrement pour les plantations extensives ayant une faible épaisseur de sol et une faible capacité de rétention d'eau.

Toits verts / Toitures végétalisées : plantation extensive ou intensive

Image illustrant la végétation d'un toit vert.
Image illustrant la végétation d'un toit vert.
Source: Photo par Ruofeng L.

Selon l'épaisseur de substrat et le degré d'arrosage souhaité on pourra faire une plantation de type extensive, semi-extensive ou intensive.

Plantation extensive

Il s'agit d'un type de plantation de faible épaisseur de substrat (4 à 6 pouces) qu'on ne veut pas nécessairement arroser sauf en cas de sécheresse prolongée. Cette plantation utilise surtout des couvre-sols très rustiques capables de supporter des sécheresses et qui prennent rapidement de l'expansion pour ombrager le sol et le stabiliser par leurs racines. Son substrat de culture contiendra jusqu'à 70% d'agrégats poreux, en volume, afin de conserver le plus d'eau possible.

Plantation semi-extensive

C'est aussi une plantation de faible épaisseur (6 pouces) ayant généralement un système d'arrosage automatique goutte à goutte se faisant par petits conduits situés sous le substrat de culture entre le géotextile filtrant et le géotextile anti-racine. Voilà pourquoi le géotextile filtrant doit aussi être un géotextile absorbant. Il absorbe les gouttes d'eau pour humidifier les racines sans réduire l'oxygénation des racines. Ce système est aussi très économe en eau, ne créant presque pas d'évaporation. Ce type de culture peut mélanger les couvre-sols, les plantes à fleurs ou à feuillage, les légumes et même de petits arbustes ou des grimpants comme la vigne vierge ou le chèvrefeuille. Le substrat d'une culture semi-extensive est généralement composé d'environ 50% d'agrégats poreux.

Plantation intensive

C'est un type de culture dans des bacs pouvant faire jusqu'à 1 ou 2 mètres de profondeur. La culture intensive peut accommoder des arbres tels des pommetiers décoratifs ou des frênes. De manière générale, il est recommandé de leur poser des haubans pour résister aux grands vents. Ces systèmes devraient toujours être munis d'arrosage automatique pour assurer la survie des arbres. Le volume d'agrégats est souvent réduit à 40% pour faire place à plus d'éléments nutritifs.

Quel est le meilleur choix

La tendance actuelle au Canada est de réduire l'épaisseur du substrat pour réduire son poids et les coûts de structure. Cette tendance va fortement à l'encontre des bénéfices sociaux recherchés par l'implantation des toits verts :

  • La rétention d'eau pour soulager les usines d'épuration est beaucoup moindre.
  • La survie des plantes s'en trouve fragilisée pendant les premières années et pendant les sécheresses. Dans l'éventualité où les plantes meurent les racines ne retiendront plus le sol et celui-ci peut être balayé par l'eau et le vent. Une grande surface de plantes séchées devient aussi un facteur de propagation de la flamme élevé pouvant s'envoler et communiquer un incendie à d'autres immeubles à proximité.
  • La fonction du toit vert s'en trouve très limitée. Il n'est plus question d'y faire un jardin potager pour les occupants mais seulement un couvre-sol exigeant de l'entretien et du désherbage contre les plantes allergènes comme l'herbe à poux.
  • L'efficacité énergétique est moindre en chauffage comme en climatisation Parmi les produits offerts, le systèmes ultra-léger se démarque fortement des autres produits. Il est préfabriqué et facile à installer par des néophytes.

Le meilleur choix semble être une approche variée sur le même bâtiment. Une combinaison de plantation extensive et intensive, avec plantations ponctuelles en bacs, permet généralement de mieux répondre aux besoins des occupants tout en diversifiant les possibilités de design.

Les coûts de la réalisation d'une toiture verte au Québec

Coûts

Le coût d'un toit végétalisé varie beaucoup en fonction de l'épaisseur de substrat, de la dimension de surface végétalisée et du type de végétaux. Pour une toiture de type extensive d'une dimension de 1 000 pi.ca. entièrement couverte on doit prévoir un budget de 17$/pi.ca., main-d'oeuvre incluse. Pour un petit coin terrasse de 200 pi.ca. le coût total sera moindre mais coûtera plus cher au pied carré soit environ 25$/pi.ca.

Qui peut le faire ?

Aucun couvreurs n'a l'expertise pour réaliser des systèmes de culture sur toits. Il faut généralement faire réaliser la membrane d'étanchéité par le couvreur et donner le contrat de toit végétal à un paysagiste expérimenté dans ce domaine.